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Laure Colomer s'intéresse aux frontières entre les royaumes : la frontière entre l'animal et l'humain, le passage entre la nuit et le jour, le sommeil et l'insomnie.

 

Elle a développé une pratique d'immersion dans les champs de conscience comme dans les fonds marins.

 

Dans son œuvre, l'obscurité est de mise : « Ile-Ciel » ressemble à une sculpture d'un grand requin majestueux et naviguant dans les eaux lointaines, le corps sur lequel se projettent des myriades d'étoiles, se déplaçant lentement.

 

En écho à l'espèce archaïque, elle fait l'éloge de l'Ouroboros, le serpent se mordant la queue, archétype primitif de l'immortalité et de l'éternité.

Ce serpent est accompagné de nuages ​​et de lait, nous rappelant encore la Voie Lactée, rencontre paradoxale entre une lumière perçante, blanche, absolue, et d'une obscurité déconcertante.

 

Enfin, une pieuvre géante, "Sombrer", faite de tissu et de latex, est suspendue au-dessus du vide, laissant subsister une eau invisible.

La pieuvre perd son encre noire qui se dépose progressivement à la surface d'une eau transparente.

Là encore, le mécanisme d'obscurcissement opère légèrement, mais inéluctablement.

 

Pour elle la pratique de la sculpture est primordiale, le rapport aux matières, ils peuvent réserver des surprises dans la démarche du geste et ne sont que recherches de terrain et trouvailles.

 

Mais sa démarche est aussi très littéraire. Elle aime parler des eaux lourdes de Bachelard et Poe.

Ainsi que de la poésie de Yves Bonnefoy et William Blake.

 

La littérature s'incarne dans la sculpture.

 

Léa Bismuth.

Le fondement de mes recherches est la frontière établie entre le monde animal et le monde humain. Cette frontière ne cesse d’être déplacée, remodelée et redéfinie.

 

Je travaille sur les animaux reliés à l’élément liquide. Dans certaine de mes pieces j'utilise des liquides extraits de l'animal tel que le lait, l'encre et le venin. Les liquides que je represente sont  des eaux lourdes, des eaux noires tel  que Bachelard les nommes. C’est cette eau que j’ai choisi de représenter, au travers des animaux qui l’habitent, un élément portant en lui de la nuit.

 

Et c’est cette nuit comme matière que je mets en relation avec l’animal, comme dans le texte de Christophe Bally quand l’animal est entre-aperçu la nuit  avant de disparaitre. L’animal est ici représenté comme intenable  traçant la frontière invisible de l’évitement, là où l’animal devient une sorte de mirage. C’est en relation avec cette idée que je souhaitais représenter des images animales qui portent en elles l’idée d’une non fixité de la forme : une instantanéité qui se  métamorphose, se décompose, coule.

 

L’élément liquide est également réfléchissant, cette frontière du miroir reflète l'animalité comme notre autre parfait,  il révèle  ainsi  en ombre ce qu’est l’humanité.C’est cette relation qui m’intéresse, comment l’homme perçoit l’animal et donc sa propre existence.

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